Il fut un temps où son nom était associé à des fêtes dans l’archidiocèse de Rouen et où prier ses reliques garantissait la guérison.
Saint-Gautier (né vers 1030 - mort le 8 avril 1099) est, en effet, bien plus que le premier abbé de la fondation Saint-Martin de Pontoise. L’évocation de sa vie tient presque de la légende.
Ce professeur de philosophie et de rhétorique, d’origine picarde, n’avait pas vraiment le profil d’un religieux du XIème siècle. Sa renommée d’éminence grise aurait pu le conduire à la fortune. Mais sa piété et son humilité en ont décidé autrement.
Entre humilité et convictions
En 1069, le roi de France, Philippe Ier, remet aux religieux la crosse de la nouvelle abbaye Saint-Martin de Pontoise (située sur le site de l’actuelle école de Saint-Martin de France), en guise d’investiture.
“C’est de Dieu, et non pas de Votre Majesté que je reçois le gouvernement de cette église”, déclare Gautier, premier Abbé de Saint-Martin avec une liberté de ton, alors inédite. Trois ans plus tard, il fonde un oratoire à Saint-Martin.
Mais il quitte à quatre reprises l’abbaye pour mener son vœu de pauvreté et de vie solitaire qu’il convoite tant. Seul le pape Grégoire VII parvient à le faire revenir sur sa décision en 1075.
Gautier brille alors à Saint-Martin par sa charité, ses prédications d’homme éclairé et ses convictions. Il n’hésite pas à critiquer ouvertement le roi sur ses simonies (l’achat et la vente de biens spirituels), ce qui lui vaudra un passage en prison.
Quelques années avant sa mort, l’abbé fonde un couvent de femmes à Berteaucourt-les-Dames en Picardie conformément au souhait de la Vierge qui lui serait apparue.
Miracles posthumes
Lors de la levée de son corps, la surprise est de taille ! La chair de l’abbé ne porte aucune trace des flagellations auxquelles il s’astreignait régulièrement ni de la maladie dont il souffrait. La suite n’est pas moins étonnante.
Le tombeau de Gautier devient un rendez-vous de pèlerinage où les aveugles, les boiteux, les sourds, les paralytiques et les malades trouvent une guérison subite. Ces miracles offrent au religieux une canonisation posthume en 1153.
Un tombeau lui est alors érigé dans l’abbaye Saint-Martin de Pontoise. Ce monument sera transporté, au milieu du XIXème siècle, en l’église Notre-Dame. Il s’agit d’un sarcophage en pierre, dont les faces percées sur les côtés permettent aux pèlerins de contempler les reliques du Saint.
Après être tombé dans l’oubli suite aux guerres successives qui ruinèrent l’abbaye Saint-Martin, le culte de Saint-Gautier renaît en 1661 avec la bienveillance de Louis XIV. Selon des écrits d’époque, “les malades guérissent de la fièvre en trempant leurs os dans l’eau bénite et en l’invoquant”.
Au cours de la Révolution française, les reliques de Saint-Gautier ont été transportées par précaution au cimetière de Pontoise. Puis l’emplacement exact fut oublié. Les reliques de Saint-Gautier n’ont ainsi jamais été retrouvées.
Aujourd’hui encore, de nombreux fidèles viennent se recueillir sur le tombeau du Saint.