La Ville de Pontoise poursuit sa politique de mise en valeur de son patrimoine ancien. La statue La Charité, conservée dans la cathédrale Saint-Maclou, est actuellement en cours de restauration.
Une Charité bien ordonnée…
Nombreux sont les visiteurs qui découvrent la très belle sculpture de la Charité de la cathédrale Saint-Maclou, sans imaginer les vicissitudes que cette œuvre a endurées. Initialement installée dans l’Hôtel-Dieu, ancien hôpital fondé par Saint Louis au XIIIe siècle sur les quais de l’Oise, la Charité a en effet connu une histoire mouvementée.
Le monument funéraire est dédié à François de Guénégaud (1615-1661), secrétaire d’Etat de Louis XIII puis président aux enquêtes du Parlement de Paris sous Louis XIV. Mort en 1661 sans enfant, François de Guénégaud lègue une partie de sa fortune à l’Hôtel-Dieu de Pontoise. C’est sa sœur Jeanne de Guénégaud, alors Prieure de l’Hôtel-Dieu, qui commande ce tombeau en 1685.
Le thème de la charité fait référence à la prodigalité dont a fait preuve François de Guénégaud envers l’Hôtel-Dieu. L’allégorie présente une composition traditionnelle, il s’agit d’une femme accompagnée de trois enfants, chacun avec une attitude différente. Pendant que la Charité allaite l’un des enfants, un autre attend son tour tandis que le dernier, repu, se repose. Ces enfants représentent les trois moments de la charité : l’attente du don, le don en lui-même et les effets de celui-ci. La Charité tenait également un cœur ardent dans sa main droite, mais il a aujourd’hui disparu.
Les auteurs de cette œuvre sont Pierre Granier et Simon Mazière. Le premier est alors un sculpteur réputé. Elève du célèbre François Girardon, il vient d’être nommé sculpteur du roi. Pour l’aider dans sa tâche, il choisit Simon Mazière, originaire de Pontoise et auteur de nombreuses statues du jardin de Versailles. Le tombeau est à l’époque magnifié par un soubassement en marbre noir et blanc sur lequel repose une épitaphe et une plaque de marbre rouge en décor de fond.
…qui a traversé une histoire tourmentée
Au XIXe siècle, l’Hôtel-Dieu est entièrement reconstruit. Le tombeau de François de Guénégaud n’est pas détruit, mais le soubassement et la plaque de marbre rouge disparaissent. Les bombardements de 1940 causent en revanche, beaucoup de dégâts. L’Hôtel-Dieu est rasé et la sculpture est brûlée par l’incendie qui suit le bombardement.
Pour sauver le tombeau, il faut le transférer à l’église Saint-Maclou au plus vite, mais il est grand et sculpté dans un seul bloc de marbre. La décision est prise : il faut scier l’œuvre en plusieurs morceaux puis les refixer au plâtre. Pour cacher les jointures, un badigeon est appliqué sur toute la surface. Avec le temps, le badigeon s’est encrassé, il disparait à certains endroits et laisse réapparaitre les jointures dues à la découpe et les noirceurs provoquées par l’incendie de l’Hôtel-Dieu. Cette œuvre majeure des collections de la Ville est aujourd’hui en cours de restauration. Entièrement nettoyée et débarrassée de son badigeon, la Charité pourra être admirée dans toute sa splendeur lors de la visite guidée gratuite proposée pour la Nuit des Cathédrales, le 12 mai prochain.
Le saviez-vous ?
> La restauration de la Charité coûte 7 656 €, dont 1 084 € sont pris en charge par la Direction Régional des Affaires Culturelles d’Ile-de-France.
> François de Guénégaud était le propriétaire d’un splendide Hôtel qui porte son nom dans le quartier du Marais à Paris. Réalisé par le célèbre architecte François Mansart, l’édifice accueille aujourd’hui le Musée de la Chasse et de la Nature.