La “chasse aux trésors de Pontoise" débute au troisième étage de la bibliothèque Guillaume-Apollinaire avec le fonds patrimonial, le plus volumineux du Val-d’Oise.
Cette collection constituée de 16 000 livres et documents anciens est d’une rare diversité.
Elle se compose d’ouvrages historiques, de manuels scolaires, de coupures de presse antérieures à 1811 ou encore de ‘’mazarinades" : petites brochures pamphlétaires publiées contre le Cardinal Mazarin lors de la Fronde de 1648 à 1653.
“Le fonds patrimonial de Pontoise est le plus riche du Val-d’Oise.”
‘’Ces archives ont été constituées grâce aux saisies révolutionnaires menées à l’encontre de la noblesse et du clergé.
En 1798, Pontoise, qui a obtenu le droit par les Révolutionnaires de créer une bibliothèque pour ses citoyens, a ainsi récupéré des ouvrages de l’Oratoire de Montmorency, de la bibliothèque de la Comtesse d’Ennery et du Carmel de Pontoise.
Le fonds s’est ensuite enrichi de dons de Pontoisiens, dont ceux d’Henri Le Charpentier et de Léon Thomas, co-fondateurs de la Société Historique et Archéologique de Pontoise, du Val-d’Oise et du Vexin français’’, précise Léa Joubert, bibliothécaire et chargée du référencement des documents entre 2003 et 2006.
Six "incunables"
Dans ce fonds patrimonial, la Ville protège précieusement six ‘’incunables’’ : livres imprimés entre 1450 et 1501 grâce à un système de caractères mobiles (car à l’époque la typographie de Gutenberg n’est qu’à ses balbutiements).
Le plus ancien date de 1477. Il s’agit de ‘’La Pharsale’’ du poète Lucain, mis en page à Venise. L’auteur y retrace le début de la guerre civile que se livrèrent Jules-César et Pompée entre -49 et -45 av. J.-C.
Dans une boîte de conservation, deux étagères plus bas, se trouve sans doute l’incunable le plus précieux, ‘‘Les épitres de Sainte-Catherine de Sienne", datant de 1500.
Cet ouvrage vaut surtout pour le travail exceptionnel de l’imprimeur vénitien Alde Manuce, qui utilisa pour la première fois l’italique à cette occasion.
Un exceptionnel "Ronsard"
La bibliothèque possède également 150 ouvrages datant du XVIème siècle. Parmi eux, figure la sixième édition des œuvres de Pierre de Ronsard, la dernière publiée du vivant du poète en 1584.
Des reliques royales
L’escapade se poursuit au Musée Tavet-Delacour qui a permis de résoudre l’an dernier “le mystère de la tête d’Henri IV”. Un grand moment télévisé !
“La tête du roi retrouvée par les historiens Stéphane Gabet et Pierre Belet après 50 ans de recherches, nécessitait une authentification. Pour cela, le médecin légiste Pierre Charlier a comparé l’ADN extrait du crâne avec certaines reliques avérées d’Henri IV détenues par le Musée de Pontoise, tels qu’un bout de doigt, un poil de barbe et une dent. Cette comparaison a permis d’affirmer qu’il s’agissait bien de la tête d’Henri IV’’ , explique le directeur des Musées de Pontoise.
Mais les reliques d’Henri IV ne sont pas les seules détenues au Musée. Lorsque les révolutionnaires profanent les tombes royales en 1793, Charles-François Brulay, receveur des droits d’enregistrements à la basilique de Saint-Denis, recueille une quinzaine de fragments de reliques royales.
Ces reliques seront léguées au Musée Tavet à sa mort. Parmi celles-ci figureraient deux dents de Louis XIV, un morceau de mâchoire de Dagobert, des cheveux de Philippe Auguste et peut-être la jambe momifiée de Catherine de Médicis !
Un examen d’authentification est actuellement en cours par le professeur Charlier. Selon lui, la relique pourrait aussi bien appartenir à Anne d’Autriche ou à Marie Letzinska, l’épouse de Louis XV. Une affaire à suivre donc !
La donation Oulmont
En 1961, la Ville a également hérité de documents uniques grâce à une donation de Charles Oulmont.
Cet éminent homme de lettres qui avait entre autres reçu le Grand Prix de l’Académie Française, avait acquis au cours de sa vie des manuscrits de grands auteurs, tels Jean Cocteau, Alexandre Dumas ils ou encore des correspondances de Sarah Bernhardt.
L’acte de mariage du Général Leclerc
L’excursion s’achève aux Archives Municipales de Pontoise où la curiosité nous mène assez vite vers la copie de l’acte de mariage d’un Pontoisien pas comme les autres : Charles Victor Emmanuel Leclerc.
Le Général sous le Premier Empire épousa en 1797 la princesse Pauline Bonaparte, sœur de Napoléon Bonaparte.
“C’est le futur empereur lui-même qui proposa la main de sa sœur au Général Leclerc !
Les deux hommes étaient devenus très amis quatre ans plus tôt lors du siège de Toulon, à tel point que Napoléon Bonaparte avait demandé au Général Leclerc d’annoncer au Directoire la signature du Traité de paix de Loeben”, souligne Pascal Gaillard, le responsable des Archives Municipales.
Une statue à Pontoise, surplombant la rue Thiers, honore également la mémoire de ce Pontoisien illustre. Le militaire y est représenté en uniforme, son épée au fourreau touchant terre.