On a retrouvé la tête d'Henri IV ! Au terme d'une enquête, mêlant jeux de piste, chausse-trappes, science et polar, le crâne du célèbre Bourbon a pu être authentifié 400 ans après son assassinat par Ravaillac.
L'énigme commence en 1793
Les Révolutionnaires profanent alors les tombes de la nécropole des rois de France à Saint-Denis et jettent les restes dans deux fosses communes... à l’exception de trois têtes, coupées et emportées. Celle d’Henri IV, momifiée et embaumée, en bon état de conservation, fait partie de ces têtes mais disparaît pendant près d’un siècle.
L’échec de Bourdais
La tête resurgit en 1919, dans la salle des ventes de l’Hôtel Drouot. Personne ne sait alors qu’il s’agit de la relique du monarque. Un brocanteur de Montmartre, Joseph Emile Bourdais, en fait l’acquisition.
Au fil des ans, le brocanteur se forge l’intime conviction que ce crâne est bel et bien la tête d’Henri IV. En effet, plusieurs caractéristiques le conduisent à cette conclusion telle que la cicatrice sur la lèvre gauche (faite par le couteau de Jean Châtel qui tenta d’assassiner Henri IV en 1594).
Mais Bourdais meurt en 1947 sans avoir pu prouver sa thèse et sa sœur vend la relique en 1955 à un mystérieux propriétaire qui la gardera plus de cinquante ans.
Il faudra l’obstination des journalistes et historiens Stéphane Gabet et Pierre Belet pour la retrouver. Mais était-ce bien la tête d’Henri IV ? L’authentiication, qui n’a pu être effectuée au temps de Bourdais, est cette fois, rendue possible grâce aux études historiques et à l’évolution de la science.
Le duo de journalistes s’entoure des meilleurs spécialistes du sujet : Jean-Pierre Babelon (le biographe d’Henri IV), Louis de Bourbon (le descendant direct du roi), Jacques Perrot (le président de la Société Henri IV) et le professeur Philippe Charlier (médecin légiste et spécialiste réputé de l’anthropologie funéraire).
La piste du Musée Tavet
En 2009, le professeur Philippe Charlier procède à une fibroscopie à l’intérieur du crâne pour en extraire de l’ADN. Reste à retrouver d’autres reliques d’Henri IV, attestées comme certaines, pour réaliser une comparaison fiable. La piste mène alors à cinq musées français. L’un d’eux n’est autre que le Musée Tavet-Delacour de Pontoise, qui détient des fragments avérés du corps d’Henri IV (bout de doigt, poil de barbe, dent et cheveux).
En 1793, Charles-François Brulay, receveur des droits d’enregistrement à la Basilique de Saint-Denis, avait eu l’autorisation des Révolutionnaires d’effectuer des prélèvements sur la dépouille du roi.
À sa mort en 1801, ces fragments avaient été sauvés par sa veuve, Madame de Courcelles, Pontoisienne, avant d’être placés aux archives du Musée dans la collection des reliques royales. En octobre 2009, l’équipe du professeur Charlier se rend donc au musée et effectue des tests sur un bout de doigt, un poil de barbe et une dent.
Les analyses toxicologiques effectuées révèlent que le plomb retrouvé sur les reliques contient les mêmes caractéristiques que celui tapissant le cercueil du roi. Ces tests ont donc contribué à confirmer que la tête retrouvée est bien celle du premier roi Bourbon de la branche capétienne.