Il y a 770 ans, Pontoise accueillait une prestigieuse institution : le Grand-Vicariat. Situé dans les actuels musée Tavet et Carré Patrimoine, découvrez son origine et ses fonctions.

Au Moyen-Âge, Pontoise dépend de l’archevêché de Rouen pour tout ce qui a trait au domaine religieux, mais la capitale normande est bien loin pour les Pontoisiens de cette époque. En 1255, Saint-Louis qui aime tant séjourner au château de Pontoise, octroie aux habitants un grand privilège : l’installation d’un représentant de l’archevêque de Rouen dans leur ville, appelé vicaire. Son logement est complété par un tribunal qui permet de juger les litiges entre les habitants et l’Eglise. L’ensemble est appelé le Grand Vicariat.

Le vicaire s’installe dans un logement préexistant situé à l’emplacement de l’actuelle poste de la rue Victor-Hugo. Situé le long des anciens remparts (boulevard Jean-Jaurès), il est très endommagé par la guerre de Cent ans. L’archevêque de Rouen, le richissime cardinal d’Estouteville, commande alors un nouveau bâtiment à partir de 1477. Il montre ici toute sa puissance, la bâtisse toute en pierre de taille et agrémentée d’une tour et de tourelles en façade, est imposante. C’est l’actuel musée Tavet.

A l’arrière de ce bâtiment, un tribunal abrite une salle d’audience, une prison et le domicile du gardien. L’accès se fait depuis la rue de La Cloche (actuelle impasse Tavet). A la fin du XVIe siècle, le bâtiment est fortement endommagé durant les guerres de Religion et doit être reconstruit. C’est l’actuel Carré Patrimoine dans lequel on peut toujours admirer la tribune en bois du XVIIIe siècle.

Clochemerle au tribunal

Le tribunal religieux de Pontoise est modeste, rien de grave n’y est jugé. Il sert surtout à obtenir des dispenses de cousinage pour permettre des mariages au sein d’une même famille et éviter la division des terres agricoles. Les geôles accueillent les mauvais payeurs qui n’ont pas réglé le loyer d’un logement appartenant à une congrégation religieuse.

Certaines affaires sortent de l’ordinaire, comme lorsque deux paroissiens sont jugés pour s’être battu à la messe, le premier accusant le second de lui avoir volé un cochon. Il y aussi les Pontoisiens eux-mêmes qui viennent se plaindre au tribunal d’un baptême raté. En effet, le curé ayant abusé du vin de messe, n’a pas réussi à verser l’eau bénite sur le nouveau-né… Le Grand Vicariat cesse ses activités à la Révolution.