Depuis le Moyen Âge, Pontoise se distingue comme une ville de justice pionnière en France. En 1934, l’ouverture d’un Tribunal de grande instance, inspiré du style Bauhaus, symbolise la modernité et l’adaptation aux besoins croissants d’une région en plein essor. Retour sur l’histoire d’un édifice marquant, détruit tragiquement en 2002, mais dont l’héritage reste ancré dans le paysage judiciaire pontoisien.
En 1934, Pontoise voit l’ouverture d’un tribunal flambant neuf. Il est alors le symbole de la modernité judiciaire à Pontoise. Mais revenons tout d’abord sur l’histoire de ce fleuron architectural au service de la justice.
Une ville de justice depuis… 1188 !
En 1188, la Ville de Pontoise négocie une charte avec le roi Philippe-Auguste et obtient le droit de gérer la justice courante sur son territoire. C’est alors la première commune de France à faire cette demande. Un tribunal et des prisons sont installés dans l’Hôtel-de-Ville de l’époque, situé place du Petit-Martroy.
À la Révolution, le Tribunal d’instance prend place dans l’ancien Hôtel d’Estouteville (actuel musée Tavet) mais se retrouve vite à l’étroit. Un nouveau lieu est donc construit place Nicolas Flamel en 1884, par Albert Petit. Plus proche d’une demeure cossue que d’un véritable lieu de justice, cet édifice s’avère inadapté aux nombres de procès croissant. Un nouveau tribunal est donc envisagé au début des années 30.
Un tribunal sobre et fonctionnel
Rompant avec le style du bâtiment précédant, le nouveau Tribunal de grande instance est réalisé par Bader et Bénard en 1934. C’est un exemple rare du style Bauhaus en région parisienne. Les deux architectes mettent en valeur les volumes par des surfaces extérieures lisses et sans ornementation. Les lampadaires Art déco de la porte d’entrée vitrée et de la rampe d’escalier sont conçus par Edgar Brandt (1880-1960), un grand ferronnier d’art. Le tribunal dispose de deux salles d’audience de part et d’autre de l’entrée. Conçu au départ pour répondre à la demande judiciaire d’une population de 125 000 habitants, le Tribunal gère les affaires allant de la Normandie à l’Est parisien. Ainsi, au début des années soixante, le Tribunal prononce plus de 6 000 jugements par an. Les infractions les plus fréquentes sont les vols ou les accidents de voitures, les émissions de chèques sans provision, les cambriolages et les abandons de famille.
Le nombre d’habitants et de litiges augmentant, le tribunal est agrandi en 1956 et 1962. Une annexe est construite à l’arrière du bâtiment en 1972, mais tous ces aménagements ne suffisent plus à l’aube du XXIe siècle. Il est donc prévu de détruire ce tribunal pour le remplacer par l’actuelle Cité judiciaire. Cependant, ce ne sont pas les travaux qui auront raison du Tribunal de grande instance. Le 30 décembre 2002, un incendie criminel met fin à ce fleuron de l’architecture moderne.