Site incontournable de la vie pontoisienne, la Cité judiciaire domine la vallée de l’Oise depuis 20 ans. Retour sur un chantier titanesque.

Grâce à la charte communale, Pontoise est une ville de justice depuis… 1188 ! À la Révolution, les tribunaux sont réorganisés et le Tribunal d’instance prend ses quartiers dans l’Hôtel d’Estouteville, actuel Musée Tavet. Dès les années 1880, le tribunal se retrouve à l’étroit et un nouveau bâtiment est construit place Nicolas-Flamel. Inauguré en 1886, le Tribunal d’instance est transféré dans un nouvel édifice Art déco en 1934, tandis que l’ancien bâtiment accueille désormais le Tribunal de commerce. Une annexe est aménagée rue Pierre Butin en 1992.

À la fin du XXe siècle, ces sites se retrouvent inadaptés à la justice moderne. Le ministère de la Justice décide de regrouper tous les tribunaux de la ville en un seul lieu, place Nicolas-Flamel. Pour cela, la prison, présente depuis 1883 est transférée à Osny. Cependant, le site est très complexe. Non seulement il accuse une très forte pente (12m de dénivelé), mais le terrain disponible est composé de deux triangles séparés par une rue qu’il convient de conserver.

 

Un tribunal imposant

Un concours d’architecte est lancé en 1997 par le ministère de la Justice. Henri Ciriani, célèbre pour ses nombreux logements collectifs et pour le musée d’Arles antique, est sélectionné. Son projet s’inscrit en effet parfaitement avec les caractéristiques du territoire. Le bâtiment est organisé tout en longueur avec une hauteur limitée, pour s’intégrer le plus possible dans le paysage. Il est divisé en deux parties reliées par une passerelle aérienne surplombant la rue.

L’architecte se sert de la déclivité du terrain pour aménager un très important soubassement. Celui-ci s’appuie sur la contre-escarpe située en face des remparts du boulevard Jean Jaurès. Il facilite également l’aménagement de parkings souterrains. De plus, cette position en hauteur du tribunal permet, grâce à une large baie vitrée, de profiter d’un spectaculaire panorama sur la vallée de l’Oise.

Afin de permettre la tenue des procès, le chantier doit se dérouler en deux phases pour conserver le plus longtemps possible un bâtiment disponible. Les travaux débutent en juillet 2002 par la destruction du Tribunal de commerce, mais un incendie criminel ravage le Tribunal d’instance à la fin de l’année. Ainsi, les travaux doivent s’accélérer et l’intégralité du projet ouvre en octobre 2005, en un temps record.

Regroupant Tribunal de grande instance, le Tribunal d’instance, la Cour d’assises, le Tribunal de commerce et le Conseil des prud’hommes, le site se nomme désormais la « Cité judiciaire ». Il fait partie de l’identité de Pontoise, terre de Justice depuis l’époque médiévale.