Philippe-Auguste accorde le statut de commune à Pontoise en 1188. Une charte est alors signée par le roi qui, en échange de certaines obligations, confère à la ville une large autonomie. Cette charte participera au formidable essor économique que Pontoise connaîtra au Moyen-Age.
Un outil stratégique d’organisation pour la ville
1188, cela fait dix ans que la guerre fait rage dans le Vexin. Le roi de France, Philippe-Auguste, doit absolument renforcer la défense du pays contre l’envahisseur anglais. Cependant, la guerre coûte cher et les caisses sont vides. Le roi décide alors de faire payer aux communes le coût élevé des fortifications. En échange, Philippe-Auguste accorde une charte communale à ces cités qui leur confère des privilèges, comme le droit d’organiser l’administration et de collecter des impôts.
Pontoise est stratégique dans la guerre vexinoise, elle est la dernière ville-forte qui protège Paris des invasions normandes. En octroyant une charte communale à Pontoise, alors que le roi subit le siège des troupes anglaises à Mantes, Philippe-Auguste fait d’une pierre deux coups : il confie la défense de la ville à ses habitants tout en leur donnant des avantages et des libertés.
Grâce à la charte communale, les Pontoisiens ont désormais la liberté de s’administrer eux-mêmes, en choisissant un maire et 12 pairs parmi les notables de la ville. Les règles de commerce sont également organisées selon leur bon vouloir et la justice, dispensée par le maire, est mieux adaptée car plus proche de la population. Cette indépendance judiciaire ne durera cependant qu’un siècle : en 1304, le puissant roi Philippe IV le Bel replace le maire et la justice sous son autorité.
Une économie qui se développe
En plus de ces avantages, la charte procure de réels atouts économiques à Pontoise. La ville peut désormais prélever une taxe sur toutes les marchandises qui passent sur et sous le pont routier. Pour s’assurer que les commerçants ne font pas de détour, la charte précise même que les voitures tractées par quatre chevaux doivent obligatoirement passer par Pontoise, avec l’interdiction de traverser la rivière par le pont d’Auvers-sur-Oise.
La ville obtient également le droit de minage : elle peut collecter directement une partie du blé vendu à l’époque sur la place au Bled, l’actuelle place du Grand-Martroy. Chaque marchand de grain doit s’acquitter de cet impôt, ce qui permet un apport substantiel de ressources à la ville. La charte communale fut, à n’en pas douter, un atout majeur pour l’essor de Pontoise au Moyen-Age. Les ports le long de l’Oise prospérèrent et les marchés se multiplièrent au sein de la ville, faisant de Pontoise, l’une des cités les plus commerçantes de la région.