« Mes mains caressent la toile, recherchant l'accident pour mieux jouer avec. »
Pour une fois, les volets de la salle d’exposition de l’office de tourisme sont clos. Pourtant, ce grand espace circulaire n’a jamais été aussi lumineux, captivant, poétique et propice à un voyage vers le lointain, l’infini, la nature la plus sublime. Quinze acryliques sur toile de lin, grands formats (130x190 cm) accrochés aux volets, enveloppent le panoramique à la manière des « Nymphéas » de Monet au Musée de l’Orangerie. Sauf qu’ici les lignes de crêtes de ses paysages remplacent les nénuphars blancs et que trente globes lumineux gravés, posés à même le sol, parsèment un espace de visite d’ordinaire épuré. Du 12 octobre au 15 décembre, 1 200 visiteurs ont découvert ce décor en clôture du festival « Automne impressionniste ». L’artiste pontoisienne Isabelle Diffre y proposait un condensé de son travail de plasticienne et de ses coups de cœur.
Clin d’œil à Monet
« J’ai trouvé ma vocation artistique en découvrant à l’âge de 8 ans ‘‘Les nymphéas’’ de Claude Monet » révèle-t-elle. La touche impressionniste et les jeux de lumière du maître l’ont conquis et incité à acheter son premier chevalet. L'envie de créer, elle, s'est révélée pleinement lors de la naissance de ses enfants, il y a 25 ans. Le titre de cette exposition « De mains et d'eau » fait référence à sa pratique : « Mes œuvres ont 4 couleurs – noir, blanc, or et bleu – diluées pour créer des nuances de teintes soumises à différents temps de séchage. Je peins à l’instinct. Mes mains caressent la toile, recherchant l’accident pour mieux jouer avec. Je vais jusqu’à utiliser un jet d’eau pour créer des vides là où la peinture n’a pas eu le temps d’accrocher la toile » exprime l’artiste.
De mains et d’eau
Tout est donc une histoire de vide et de plein et la recherche de leur équilibre. De là naissent des paysages, parfois proches de l’abstraction, où émergent crêtes, brumes, arbres et racines. Sa passion pour la nature, héritage d’un père professeur de Sciences naturelles, est indissociable de ses réalisations. C’était déjà le cas lors de sa première exposition à Enghien où elle avait remporté le prix du public et le 2ème prix du jury. Ce le fut encore en 2022 avec l’exposition « Seconde nature », fruit de 2 ans de travail. Son travail sortait de la toile pour explorer des techniques grâce à des matériaux (branches, sable, polycarbonates, ossements et minéraux) glanés au fil de ses flâneries. Sa propension à la récupération de matériaux a, depuis, atteint son sommet avec ses globes des anciens lampadaires de Cergy-Pontoise, poncés, peints et séchés pour donner l’effet d’une gravure à l’encre de Chine. Une réussite !
Maître ès Lettres à la Sorbonne et ex-élève de l’école d’arts de Cergy, Isabelle Diffre est artiste plasticienne depuis 25 ans. Son atelier au 68, rue de l’Hermitage, est ouvert, sur rendez-vous.
Isabelle Diffre a exposé 45 œuvres à l’office de tourisme, en clôture de l’‘ « Automne impressionniste ». Cette artiste partage avec la ville de Pontoise l’amour de la nature et du recyclage des matériaux. Ayant à cœur de transmettre sa passion de l’art, elle anime des ateliers notamment au Centre Parkinson Alzheimer de l’Hôpital de Pontoise. Une expérience riche en belles rencontres.
Instagram : @isabelle.diffre