Les grandes destinées ne suivent pas les chemins tout tracés. La vie du Pontoisien Édouard-Alfred Martel peut en attester. Ce Pontoisien illustre, né le 1er juillet 1859, aurait dû être juriste dans la droite lignée familiale. Il en sera autrement !
Ce passionné de Jules Verne, géographe et sportif toujours en quête d’aventure, deviendra en effet le père de la spéléologie moderne. Sa découverte d’une grotte à l’âge de 7 ans et son intérêt pour les grands Causses contribuent à en faire "un maître des abîmes".
Un aventurier des temps modernes
En juin 1888, Edouard-Alfred Martel forme une équipe dans le dessein d’explorer les cavernes de Bramabiau et de Dargilan, en Lozère.
À la grande surprise des explorateurs, ces deux cavités se révèlent d’importance mondiale pour l’époque. La première a pu être traversée de part en part (exploit inégalé au XIXème siècle) et la deuxième s’inscrit d’emblée parmi les plus belles grottes à cristallisations connues à ce jour ! La spéléologie naît ainsi grâce à un Pontoisien.
Dès lors, Édouard-Alfred Martel explore les sous-sols avec une rigueur scientifique. L’aménagement pour le tourisme du gouffre de Padirac, découvert dans le Lot en 1889, lui apportant la notoriété, il peut désormais se consacrer exclusivement à sa passion.
1 500 campagnes spéléologiques échelonnées sur un demi-siècle ponctuent une carrière exceptionnelle. La découverte de l’Aven Armand en Lozère, l’exploration du superbe abîme de Ravanel dans l’Hérault ou la descente dans le grand puits de Gaping Hill (110m de verticale) en Grande-Bretagne figurent parmi ses plus beaux exploits.
Le matériel utilisé à l’époque contribue à faire de lui une légende. Une bougie nichée dans le ruban de son chapeau, Martel descend dans l’abîme à califourchon sur un bâton de bois retenu en son milieu par une corde de chanvre que de solides gaillards laissent filer de la surface. Tournoyant dans le vide, il se laisse "glisser" lentement vers le fond du gouffre, où débutent ses fabuleuses découvertes.
Un scientifique reconnu par ses pairs
Chaque expédition donne matière à de nombreux ouvrages. De 1890 à 1936, il publie quelque 900 articles et 18 livres.
Le spéléologue est salué à trois reprises par l’Académie des Sciences pour la valeur de ses recherches. Avec celles de Louis Pasteur sur les épidémies liées à la mauvaise qualité de l’eau, le Pontoisien démontre l’intérêt de la spéléologie pour l’étude des eaux souterraines.
Ses rapports alertent les pouvoirs publics en révélant le rôle des eaux insalubres dans la propagation de maladies épidémiques. La loi du 15 février 1902, portant son nom, interdit ainsi : "L’abandon et le jet de cadavres et de tous résidus dans les gouffres et excavations".
Avant de s’éteindre à 79 ans, Édouard-Alfred Martel fonde la Société de Spéléologie et crée la revue "Spelunca" devenue, depuis, la publication officielle de la Fédération Française de Spéléologie.