Gouverneur de Pontoise alors que les guerres de Religion font rage, Charles de Neufville-Villeroy connait une ascension fulgurante en ces temps troublés. Sa dextérité militaire et son sens de la négociation lui permettront de devenir l’un des plus puissants personnages du royaume.
> Un rebelle chef d’une cité en révolte
Les Neufville-Villeroy sont une famille très puissante du Vexin. Les ancêtres de Charles de Neufville étaient gouverneurs de Pontoise, Mantes et Meulan, et secrétaires de plusieurs rois de France. Charles de Neufville, né en 1566 à Magny-en-Vexin, est également au service de la famille royale, mais il se retourne contre son souverain.
Nous sommes alors à l’époque des guerres de Religion qui voient s’opposer le parti ultra-catholique de la Ligue, au camp du roi Henri III, conciliant avec les protestants. Charles de Neufville rejoint alors le clan des rebelles et s’associe avec le duc de Mayenne, membre fondateur de la Ligue.
Cette même année, le duc de Mayenne nomme Charles de Neufville gouverneur de Pontoise. Cité fortifiée, Pontoise est en effet un lieu stratégique, une place forte à seulement 30km de la capitale. Le nouveau gouverneur s’attend à une attaque royale et s’attelle au renforcement des protections, notamment des remparts. Le 8 juillet 1589, Henri III, accompagné d’Henri de Navarre (futur Henri IV), arrivent devant Pontoise. Ils disposent de 18 000 soldats face aux 2 000 arquebusiers, 500 cavaliers et 4 000 soldats de la cité rebelle. Les combats commencent le 11 juillet, sur la partie la plus vulnérable du site : le quartier Notre-Dame. Le roi bombarde en force, les Pontoisiens ripostent et rasent Notre-Dame. La majestueuse église réalisée par Saint Louis ne sera reconstruite qu’au tiers de sa taille d’origine.
Face à un tel siège, le gouverneur Charles de Neufville et ses chevaliers s’échappent de la ville pour aller chercher de l’aide à Paris auprès du duc de Mayenne. Ce dernier leur refuse toute assistance. Charles de Neufville rentre sans renfort à Pontoise, il est alors gravement blessé au combat.
Le 23 juillet, les Pontoisiens épuisés, négocient la trêve avec Henri III qui impose une dette de guerre faramineuse de 60 000 écus. Ruinée, la ville se vide de ses habitants, mais Charles de Neufville n’a pas dit son dernier mot.
> Un très fin négociateur
Henri III est assassiné à Blois en août 1589, soit un mois à peine après la prise de Pontoise. Dès le mois de janvier de l’année suivante, Charles de Neufville retourne à Pontoise. Accompagné cette fois-ci du duc de Mayenne, de 2 000 cavaliers et de 12 000 fantassins, ils reprennent la ville en six jours. Charles de Neufville redevient gouverneur de Pontoise.
Le nouveau roi Henri IV veut reconquérir Pontoise, mais il souhaite également éviter un siège long et coûteux. Il décide alors de négocier un armistice directement avec le gouverneur de la ville. Pour cela, le monarque a des arguments de poids. Il offre la somme astronomique de 125 000 écus à Charles de Neufville, soit près de deux fois la dette imposée à Pontoise par Henri III ! Pour écarter ce puissant seigneur, Henri IV le nomme également gouverneur de Lyon, du Lyonnais et du Beaujolais. Pontoise se rend définitivement en 1594, et Charles de Neufville devient encore plus riche et puissant. Il décède à Lyon en 1642, à l’âge respectable de 76 ans.