À la fin du XIXème siècle, deux inventeurs de génie auraient pu se rencontrer à Pontoise. Eugène Turpin, le créateur de la mélinite (explosif très puissant) qui résida trente ans quai du Pothuis et Auguste de Méritens, l'inventeur de l’électricité en continu qui habita rue de la Bretonnerie de 1893 à 1896. Pontoise Infos vous propose de découvrir la destinée de ce grand ingénieur français.
Un baron diplômé de l’École centrale
En 1893, un personnage prestigieux emménage dès le début de sa retraite à Pontoise, rue de la Bretonnerie. Auguste Louis Urbain de Méritens vient de clore trente ans d’inventions prestigieuses. Il n’aspire plus qu’à la quiétude aux côtés de son épouse Louise Picard.
Ce fils d’un ancien capitaine de l’armée napoléonienne, né le 6 mars 1834 à Paris, est l’héritier d’une grande famille nobiliaire d’Auch.
Dès 1860, Auguste de Méritens, ingénieur civil diplômé de l’École centrale de Paris, met ses talents de chimiste, de physicien et surtout d’électricien au service des entreprises.
En avril 1878, il conçoit un générateur magnéto-électrique garantissant ainsi l’éclairage en continu. Son innovation, qui associe les bobines de Nollet et l’anneau de Gramme, forme un seul cercle électrique.
Cette invention, brevetée en France et en Angleterre, surpasse les machines à dynamo de l’époque car elle produit un courant sortant inédit pour alimenter les lampes à incandescence. De nombreuses villes et douze phares maritimes en bénéficieront.
Électricien révolutionnaire
En 1881, sa renommée devient mondiale. Pendant l’Exposition internationale d’électricité de Paris, il réalise devant une foule impressionnée la première soudure à l’arc.
Le procédé révolutionne l’industrie métallurgique : sur les chantiers, les très grandes pièces de métal, les réservoirs de stockage et les tuyaux peuvent enfin être emboîtés en série.
Puis, en 1888, son procédé de purification de l’eau et de l’alcool, basé sur le pouvoir désinfectant de l’ozone, est salué par Pasteur lui-même. Cette invention aurait dû être le ‘‘clou’’ de sa carrière.
Mais l’innovation, exploitée frauduleusement, ne lui apporte pas la fortune escomptée. Lorsqu’il s’installe à Pontoise, l’inventeur de génie est un homme heureux, bien entouré.
Cependant, sa situation se détériore début 1896. Le passage dans le domaine public de son brevet de soudure lui ôte l’essentiel de ses subsides et ne lui permet plus de rembourser ses dettes.
A son grand regret, le Baron doit quitter sa maison de caractère à Pontoise pour une demeure plus modeste à Éragny-sur-Oise.
Après la saisie de ses derniers biens, il s’y suicidera en s’empoisonnant avec son épouse. Un destin tragique pour un savant de renom.